Musique et environnement en Afrique
Sans entrevoir une exhaustivité de la question entre environnement et musique, cet article envisage de mettre en lumière la relation entre instruments de musique et l’écologie, prise du point de vue de la faune et de la forêt. Dans un premier temps, il s’agira de présenter la faune et la forêt comme matière première pour la fabrication des instruments de musique traditionnels africains et dans une seconde approche présenter les enjeux de la préservation de la biodiversité sur l’avenir de la musique africaine.
1) La plante et l’animal, matériaux de base de la facture instrumentale africaine.
L’organologie des instruments de musique Africains nous renseigne sur le processus de leur fabrication axée principalement sur les éléments naturels relevant de la flore et de la faune ainsi, selon qu’on se retrouve dans une aire culturelle donnée on utilisera une essence de bois spécifique ou la peau d’un animal vivant dans cet environnement.
Pour ce faire, la musicologie Africaine contemporaine s’accorde sur quatre familles d’instruments que sont :
Les membranophones (instruments dont le son résulte du jeu d’une membrane c’est-à dire d’une peau.)
Les cordophones (instruments dont le son résulte du jeu d’une ou de plusieurs cordes).
Les Idiophones instruments dont le son résulte de la matière elle-même) à l’instar du balafon.
Les aérophones (instrument dont le résulte de la poussée de l’air à travers une cavité) à l’instar de la flûte…
La faune et la flore sont incontournables pour la fabrication des instruments de musique africains. Mais il ne s’agit pas de toute l’espèce animal, ni de toute l’espèce végétale.
Pour les membranophones, les bovidés tel que le zébu, le buffle, la chèvre le mouton l’antilope ou la biche sont les plus sollicités.
Pour les cordophones les peaux d’animaux tels l’iguane,… sont tout aussi utilisés.
Les membranophones utilisent les essences de bois que l’environnement existant leur propose. Lestambours des forêts ne sont pas identiques à ceux des zones sahéliennes où des régions du littoral. Il en est de même pour les idiophones et des aérophones qui se différentient d’une aire culturelle à une autre. Les végétaux comme le kaicédra ou le jujubier servent la fabrication d’aérophones dans le septentrion et émettent des sonorités bien spécifiques. Les idiophones tel que le balafon des zones de forêt se fabrique avec une essence appelé le Padou, un bois à la couleur rouge, qui émet des sons tout particuliers, différents des balafons des essences de bois des plaines et de la savane.
2) Les enjeux de la préservation de la biodiversité sur l’avenir de l’instrument de musique africain.
Au-delà de la fabrication des instruments de musique traditionnels africains qui se servent de l’environnement, il y a la relation d’utilisation de la nature dans la transmission des sonorités musicales. Elle est en effet, un amplificateur pour la compréhension de la musique diffusée aussi bien sur le plan naturel que sur le plan de la crypto-communication. La destruction de l’environnement pourrait en réalité intervenir non seulement sur la fabrication des instruments de musiques qui perdraient ainsi un vaste vivier de matière première, ce qui est de nature à réduire considérablement la disponibilité et la pérennisation de ces instruments.Par ailleurs la modification de l’espace environnemental actuel et la destruction de notre écosystème pourrait être de nature à modifier l’acoustique avec comme conséquente la déviation de l’une des fonctions de l’instrument de musique traditionnel africain, celle de la communication pour ne laisser place qu’à la fonction ludique et donc du divertissement.
Voici quelques éléments que l’environnement offre à l’homme pour fabriquer un instrument de musique
Essences d’arbres et arbustes
Le Padou | Dont on se sert pour la fabrication du balafon et certains tambours |
L’Iroko | Dont on se sert pour fabriquer des tambours et tambourins. |
L’acajou | (Xylophone sur troncs de bananiers) |
L’Ebène | Dont on sert pour la fabrication du Mvet |
L’Azobé | Dont on se sert pour fabriquer des tambours et des Tam Tam. |
Le jujubier | Dont on se sert pour fabriquer les flutes et trombes |
Le bambou de chine | Dont on se sert pour fabriquer des flutes et des sifflets. |
Le para solier | Dont on se sert pour faire les lames de xylophone |
Le raphia | Dont les feuilles servent à fabriquer des cithares |
Le palissandre | Dont on se sert pour fabriquer le balafon |
Le rotin | Dont on se sert pour la fabrication du balafon |
Le kaïcedra | Dont on se sert pour fabriquer les flutes et trombes |
Le calebassier | Dont on se sert pour fabriquer la Kora, le mvet et la garaya… |
Animaux
Peau de bœuf et ou zébu | Dont on se sert pour fabriquer des membranophones |
Peau de buffle | Dont on se sert pour fabriquer des membranophones |
Peau de biche | Dont on se sert pour fabriquer des membranophones |
Peau d’antilope | Dont on se sert pour fabriquer des membranophones |
Peau de chèvre | Dont on se sert pour fabriquer des membranophones |
Peau de mouton | Dont on se sert pour fabriquer des membranophones |
Peau d’iguane | Dont on se sert pour fabriquer certains cordophones ou cithares |
Peau de varan | Dont on se sert pour fabriquer certains cordophones ou cithares |
De toute évidence, la relation entre environnement et musique, notamment instruments de musique traditionnels, se pose du point de vue de la fabrication de ces derniers, mais aussi de la conservation et de la préservation des différentes fonctions de l’instrument de musique traditionnel africain. Il importe donc dans un contexte de développement industriel, de prendre en compte la problématique du développement durable comme socle de préservation du patrimoine musical africain. La convention de 2005 sur la protection et la valorisation des expressions de la diversité culturelle est de ce point de vue, l’un des instruments dont devraient se servir abondamment les spécialistes des politiques publiques africains, pour prendre en charge la préservation du patrimoine culturel sans pour autant empêcher le développement de l’Afrique.
Ndoh Ndoh Michel
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